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C‘est par ces mots invitant à l’exploration que nous avons entrepris de réaliser Cabinets de curiosités, un projet de création incorporant une dimension visuelle, littéraire, médiatique et spatiale, dont l’aboutissement est la mise en vitrine des créations de la clientèle du Centre Wellington et la réalisation de ce site internet.

Ces vitrines, nous les avons trouvées sur la rue Wellington en dialoguant avec des commerçants qui nous ont laissé de l’espace pour installer un ensemble d’œuvres regroupées autour des thématiques suivantes : mer, nature, urbanité, amour, humanité, poésie. Par la mise en vitrine, nous entendons aussi la création de ce site internet qui vient donner une pérennité à ce travail effectué par les usagers du Centre Wellington avec les artistes médiateurs Martine Koutnouyan et Gabrielle Lajoie-Bergeron, en février, mars et avril 2015. Les usagers sont aussi confiés à la caméra avec José Cortes Castillo, qui a su recueillir de nombreux témoignages.

Deux poètes ont ajouté une touche littéraire, Emmanuel Simard et Caroline Louisseize, qui a culminé avec la tenue d’une balade poétique, en collaboration avec Ghislaine Provost et Nathalie Séguin. C’est ainsi que le 4 juin 2015, nous avons inauguré l’exposition des cabinets de curiosités disséminés entre le 3966 et le 5019 de la rue Wellington. Au terme de cette balade organisée pendant la vente trottoir, le groupe s’est retrouvé au Café Baobab pour la présentation du site internet créé par l’Agence TOPO sous la direction de Joseph Lefèvre, du studio Jocool, avec l’imagination et la dextérité de Paul Gascou-Vaillancourt et José Cortes Castillo, de l’Agence TOPO.

En vitrine sur la rue Wellington, du 4 au 21 juin 2015
Imprimeries rubiks inc.: 3966, rue Wellington
Banque Royale : 4370, rue Wellington
C-Sweet : 4437, rue Wellington
Baobab Café : 4800, rue Wellington
Choco Passion : 5019, rue Wellington

Ce projet a bénéficié du soutien de la Division de la culture, des bibliothèques et du développement social de l’arrondissement de Verdun et du programme Culture et communauté de la Ville de Montréal, dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel entre la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications du Québec.

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Consultez notre chaîne YouTube pour voir l’ensemble des vidéos Cabinets de curiosités

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Le Web est ailleurs – Agence TOPO 2008 / 2013

En avril 2013, l’Agence TOPO lançait sa publication « Le Web est ailleurs ! – Agence TOPO 2008 / 2013 » qui retrace son parcours des cinq dernières années à travers un corpus de créations web et de performances médiatiques.

En ouverture de la publication, l’auteure et artiste Élène Tremblay circonscrit le territoire d’exploration de l’Agence TOPO depuis 2008. Le désir d’investir l’espace web autrement et le besoin de sortir de l’écran ont marqué le déplacement des œuvres vers d’autres espaces de rencontres. Avec sa série de performances Sortir de l’écran / Spoken Screen, lAgence TOPO souligne l’importance de la création en relation avec les arts numériques, les mots et la poésie, dans un souci d’ancrage social et d’exploration des nouvelles avenues de diffusion.

L’auteure Paule Mackrous enchaîne avec Le web est ailleurs !, un texte qui entreprend de répondre à la question Qu’advient-il de la création hypermédiatique, maintenant que tout le monde est en mesure de s’approprier les outils du web ? Sa réflexion s’articule autour de quatre axes de réflexion  qui permettent d’analyser la programmation de l’Agence TOPO : L’interactivité, une confrontation ;  Le remix, une délocalisation ; Se lier par l’imaginaire ; Pignon sur rue pour l’art web.

Au cours des dernières années, l’Agence TOPO a su imaginer des stratégies créatives pour présenter et soutenir des œuvres interdisciplinaires. L’art web peut littéralement sortir de l’écran et devenir un événement, une performance ou encore un processus d’ancrage au monde. Comme le relève avec justesse cette publication, le dernier cycle d’œuvres soutenues et diffusées par l’Agence TOPO a pris le pari d’approfondir le rapport interactif entre le public et l’œuvre hypermédiatique. Ce faisant, c’est avec fierté que nous réaffirmons la spécificité de notre mission, soit celle de produire, diffuser et distribuer des œuvres d’arts numériques qui explorent les nouvelles narrativités et les croisements interdisciplinaires et interculturels.

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Par Elène Tremblay

IMG_1076« Nous n’avons pas le moins du monde peur des ruines. Nous allons hériter de la terre. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire. Nous portons un monde nouveau, là, dans nos coeurs et ce monde grandit en cette minute même. » – Buenaventura Durruti

Derrière la vitre, un homme vu de dos, aux commandes d’une manette, figure du joueur de jeu vidéo, vision banale s’il en est, aujourd’hui. Debout face à deux images du jeu projetées au mur, le performeur se débat aux prises avec des chimères dans un monde virtuel dystopique, Don Quichotte des temps modernes.

Hugo Nadeau est ainsi demeuré enfermé pendant 4 jours dans la nouvelle vitrine de l’Agence Topo, où, offert au regard du public, il a joué au jeu vidéo Nous aurons, un jeu d’anticipation qu’il a lui-même créé. Dans ce jeu, il parcourt avec son avatar un monde en ruines au sein d’une Amérique du Nord dévastée par des catastrophes multiples, et où on retrouve la ville de Montréal partiellement engloutie sous l’eau, visible sous forme d’image satellite trafiquée. L’eau du fleuve s’avance sur la ville bien au-delà du littoral que nous lui connaissons aujourd’hui. Dans ces ruines, Nadeau rencontre des communautés d’anarchistes avec qui il doit collaborer pour mieux survivre dans cet environnement inhospitalier. Le titre Nous aurons évoque cette reprise du territoire par les anarchistes, qui devient pour cette occurrence, Nous aurons Montréal.

Hugo Nadeau joue ici le rôle de passeur, de guide, de médiateur, de facilitateur entre le virtuel et le réel, actualisant les potentialités du jeu, performant les actions, incarnant pour nous le «joueur», déambulant, agissant, interagissant, permettant au spectateur de se projeter, par procuration, dans ce monde post-apocalyptique. Tenant le rôle de «double délégué»[1] du spectateur, le performeur nous fait découvrir le monde qu’il a imaginé à la fois par la présence de son propre corps en action et par celle de son avatar.

Le performeur et son avatar apparaissent en communion, les désirs et gestes du premier se réalisant à l’écran dans le corps virtuel de l’autre. Le corps du performeur quasi immobile dans la vitrine — maniant la manette de jeu, appuyant sur les boutons — prend étonnamment vie dans le monde virtuel du jeu à travers le double de l’avatar. Devant cette performance, l’impression première est celle de voir un cerveau en action, tant le corps ne semble servir que de courroie de transmission entre la volonté de Nadeau et l’interface du jeu. S’il est physiquement présent, force est de constater que son esprit est ailleurs, aux prises avec les épreuves que lui offre le monde virtuel du jeu.

Lors de cette performance en vitrine, le performeur apparaît lui-même en tant que spécimen humain isolé, mis sous verre et sous observation. La vitrine en tant qu’espace clos, vient renforcer le monde post-apocalyptique du jeu, en présentant un monde refermé sur lui-même où l’expérience virtuelle pourrait être perçue comme la seule possible alors qu’au dehors aurait disparu le monde tel que nous le connaissons. Hugo Nadeau paraitrait alors y jouer le rôle non seulement de délégué au jeu mais de dernier homme sur terre, où son corps appareillé[2] d’une manette pourrait pénétrer l’écran à travers l’avatar, et évoluer dans le monde devenu virtuel.

Élène Tremblay, Université de Montréal

 

Références bibliographiques

BOISCLAIR, Louise. 2015. L’installation interactive. Un laboratoire d’expériences perceptuelles pour le participant-chercheur. Collection Esthétique. Presses de l’université du Québec.

LATOUR, Bruno. 2006. Petite philosophie de l’énonciation. Texto! [en ligne], juin 2006, vol. XI, n°2. Disponible sur : Revue Texto. (Consultée le 15 mai 2015).

Élène Tremblay est professeure adjointe au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal. Elle a obtenu sa maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia à Montréal et un doctorat de l’Université du Québec à Montréal en études et pratiques des arts. Elle a publié en 2013, L’insistance du regard sur le corps éprouvé, pathos et contre-pathos aux éditions FORUM, collection Cinethesis, Udine, Italie, un ouvrage portant sur des pratiques de l’installation vidéo.

[1] «Délégué» au sens ou l’emploie Bruno Latour.

[2] Au sujet du «corps appareillé» lire Louise Boisclair sur les installations interactives.