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TOPO rents its production space on the 6th floor of the 5445, de Gaspé avenue for artistic, professional and event projects.
The space includes a main 1200 sq. Ft. Space and a semi-enclosed (265 sq. Ft.) adjacent studio.

Internet access, running water and kitchenette (fridge and mini-oven) and storage space.
Easy access to a freight elevator, a carpentry shop and restaurant on the ground floor. Accessible building 24/7.

Possibility to borrow basic equipment (sound, lighting, projection, photo, video, stage curtains and small stage).

 

To see a detailed list of available equipment:
www.agencetopo.qc.ca/wp/topo/equipements

Price and conditions of occupation need to be discussed.

More informations :

514 279-8676
direction@agencetopo.qc.ca

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Cabinets de curiosités – La fête

Cabinets_V2

Exposition en vitrine du 2 juin au 28 juin 2016.
Centre Wellington, 4932 Rue Wellington
Projet de création avec les artistes de TOPO, du Centre Wellington et du STUDIO jocool.
Soutenu par le programme culture et communauté de la Ville de Montréal.
www.AgenceTOPO.qc.ca/cabinets

 

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Paule Mackrous

Au centre de la vitrine, des petites personnes de tailles diverses se tiennent debout, dans le noir, papier en main. Le spectateur familier avec la scène de la poésie québécoise reconnaîtra sans doute quelques figures lisant des extraits de leur poème. Si le titre de l’œuvre annonce un chœur, c’est à tour de rôle que chacune récite ses vers. Lors des lectures, une bande sonore créée par un artiste audio jumelé avec le poète se déclenche. Des vidéos originales et des animations typographiques sont également générées. Ces dernières réagissent aux modulations de la voix des protagonistes, formant des constellations de lettres, de mots, qui glissent sur le plancher et attirent notre attention au cœur de la vitrine et sur les textes.

L’effet est d’abord surréel : les projections vidéo des corps sur les prismes triangulaires donnent l’impression que ce sont des hologrammes. La vitrine devient alors un castelet, un petit théâtre dissimulant le metteur en scène et ce qui anime les personnages, c’est-à-dire le logiciel, l’algorithme, l’artiste. La puissance de l’œuvre réside dans cet effet de présence des poètes dont l’existence scénique est très minimale. En effet, ceux-ci, pratiquement immobiles, sont confinés à un espace défini. Plus petits que nature, ils intriguent; ils fascinent. On les dirait venus d’un autre monde pour nous transmettre un message important. Tel que l’écrivait la poétesse Roswitha de Gandersheim en s’adressant à une petite marionnette, la présence réelle ou la grandeur nature n’offriraient pas le même effet : « une marionnette comme vous y surpassera toutes les actrices de chair. Vous êtes toute petite, mais vous paraitrez grande parce que vous êtes simple. Tandis qu’à votre place une actrice vivante semblera petite [1]».

Si les petits personnages s’apparentent à des créatures imaginaires, artificielles, on n’assiste pas pour autant à un « procès de déshumanisation contre l’interprète vivant [2] ». La programmation morcèle les lectures sans transformer le poète en mécanique docile ou en pantin désincarné. Il conserve sa singularité, sa voix, ses inflexions, sa posture et, surtout, ses propres mots. Les traces de son intériorité sont bel et bien présentes et contribuent grandement à l’expérience de l’œuvre.

Le castelet de Simon Dumas et Mickaël Lafontaine crée ainsi un support physique à la poésie, un espace scénique à échelle réduite où peuvent se rencontrer les textes comme les corps des poètes. Au contact de cet espace, le spectateur tisse peu à peu des liens entre les idées, les expériences, les sentiments qui émergent des soliloques. C’est dans ce tissage que le chœur advient.

[1] Didier Plassard, L’acteur en effigie, Lausanne, Éditions l’âge d’homme, 1992, p.32.

[2] Ibid. p. 20

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Paule Mackrous

Projeté dans la vitrine, un taureau au fond d’un enclos nous regarde droit dans les yeux. Trois cercles au sol présentent des « traces » de bottes de cowboy entourées d’un lasso, invitant le spectateur à y poser les pieds. Lorsqu’on s’installe sur le premier, le taureau s’avance un peu; sur le deuxième, il s’approche davantage. Alors que nous nous tenons sur le troisième, il nous charge, envahissant la surface vitrée. Malgré notre conscience du dispositif, notre corps réagit; il opère un mouvement de recul.

Toro embistiendo nous transporte complètement ailleurs, dans l’enclos face à la bête sauvage. Bien qu’improbable, cette expérience est ancrée dans nos imaginaires. Dans les représentations culturelles, il semble que le taureau cherche toujours à foncer sur quelqu’un. Viennent alors en tête ces images de ceux qui, courageusement, défient les animaux. Si l’œuvre a d’abord été créée dans le cadre du centième anniversaire du Calgary Stampede, un festival de rodéo de grande envergure, le titre réfère quant à lui à la culture de la tauromachie. On évoque ainsi deux personnages mythiques, soit celui du toréro combattant les taureaux dans l’arène en Espagne, puis celui du cowboy rodéo, figure identitaire de l’Ouest américain et canadien faisant l’épreuve de la monte du taureau. Par là, l’oeuvre touche un sujet universel, celui d’une masculinité qui serait définie par le courage, la maitrise de l’animal et la constante mise à l’épreuve du corps. Ces caractéristiques traduisent la liberté intouchable et viscérale qui entoure encore aujourd’hui la figure du cowboy : « this sense of personal freedom, then, is one important factor explaining the strong and almost universal appeal of the cowboy image[1]»

Toro embistiendo ne présente ni éloge, ni réquisitoire face à ces phénomènes. Si hommage il y a, celui-ci est rendu au magnifique animal sauvage. Si une critique émerge, c’est celle que génère notre propre réaction face à l’hostilité du taureau qui nous apparait ici liée à l’enfermement et au dressage auxquels on le soumet. L’enclos révèle alors un cowboy peu héroïque en ce qu’il compromet la liberté des uns pour mettre en œuvre ses prouesses.  Cette « conquête de l’animal [2]» devient à son tour une métaphore de la conquête sanglante de l’ouest marquée par la colonisation, la domestication et la suppression de ceux et celles qu’on appelait avec mépris des « sauvages ». Enfin, le cowboy fantasmé n’est certes pas celui, tant encensé, de la réalité. Tout comme le taureau dans son enclos, il a été déformé par les mythes et les légendes qui en ont fait un emblème.

L’œuvre de Jean-René Leblanc et Carl Spencer confronte bien plus qu’elle ne divertit ou glorifie. Elle s’éloigne du spectacle de rodéo où l’on expérimente, par procuration, le risque pris par le participant et où l’on admire sa bravoure. Elle fait plutôt émerger une multitude de duels sans réconciliation ni aboutissement possibles, entre l’humain et l’animal, entre le culturel et le sauvage, mais aussi et surtout, entre la beauté et la cruauté.

[1] Elizabeth Atwood Laurence (1989). Rodeo : An Anthropologist Look at the Wild and the Tame. Chicago. University of Chicago Press, p. 65
[2] Ibid., p.253.